Depuis 2016, le Policy Center for the New South et le Centre de Géopolitique de l’école HEC Paris organisent chaque année deux éditions des « Dialogues Stratégiques ». Cette plateforme constitue un espace de débat et d’analyse ainsi que des visions croisées axées sur les thématiques les plus actuelles des Relations Internationales et les régions géographiques où s’expriment des transformations géopolitiques majeures. Cette collaboration est issue du partenariat tissé entre les deux centres de réflexion, en vue de favoriser le dialogue scientifique et multidisciplinaire et de contribuer à la production d’analyses pertinentes sur des problématiques majeures à la fois pour l’Europe et l’Afrique.
Le format s’étale sur une journée entière, permettant à des décideurs et experts d’échanger avec une audience de chercheurs établis et de praticiens autour de deux thèmes : l’un sur un enjeu global, l’autre sur une problématique d’intérêt régional, d’importance commune à la fois pour l’Europe et l’Afrique.
Dans la perspective de partager les fruits des échanges menés lors des séminaires avec les participants et les parties prenantes intéressées, les discussions et échanges font l’objet de « Policy Briefs » qui sont regroupés au sein d’une publication conjointe.
Cette dix-septième édition des Dialogues Stratégiques se tiendra le vendredi 25 octobre 2024 au Policy Center for the New South, et portera sur les thématiques suivantes :
1- Quelle place pour l'Europe sur la nouvelle scène internationale ?
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2- Les États de l’AES et l’Afrique de l’Ouest, quelles perspectives ?
L’ensemble des articles issus des différentes interventions constituera le dix-septième volume des Dialogues Stratégiques.
Session 1 - Quelle place pour l'Europe sur la nouvelle scène internationale ?
La session propose de réfléchir sur les ambitions de l’Europe en matière d’autonomie stratégique dans un contexte de transition géopolitique et de fragmentation géoéconomique. À l’heure où les équilibres géopolitiques mondiaux se redessinent, l’Europe doit s’interroger sur sa capacité à affirmer son autonomie stratégique tout en faisant face à des défis inédits.
L'émergence de nouvelles puissances, notamment celles dites « du Sud », remet en question l'ordre mondial traditionnel. Ces acteurs gagnent en influence, obligeant l’Europe à repenser ses alliances et sa position. Parallèlement, la guerre en Ukraine rappelle brutalement que les conflits armés fragilisent la paix sur le continent européen. En plus de ces tensions géopolitiques, l’érosion des mécanismes de contrôle des armements et la résurgence de la rhétorique nucléaire posent des questions majeures sur la sécurité globale.
Les débats porteront sur la manière dont l’Europe peut protéger ses intérêts tout en collaborant avec ses partenaires, notamment africains, pour surmonter la paralysie des institutions multilatérales et sauvegarder les accords et cadres internationaux de paix et de sécurité, menacés par l’effritement progressif.
Le débat s’étendra également aux stratégies européennes de « dérisquage » et de découplage des chaînes d’approvisionnement, dans un monde où les économies se fragmentent et où les interdépendances deviennent à la fois des atouts et des risques. Il s’agira de comprendre comment l’Europe peut-elle se prémunir contre ces vulnérabilités et maintenir sa place d’acteur clé sur la scène internationale.
Session 2 - Les États de l’AES et l’Afrique de l’Ouest, quelles perspectives ?
L’Alliance des États du Sahel marque une nouvelle ère dans la gouvernance régionale de l’Afrique de l’Ouest, redéfinissant les rapports de force au sein de cette région fragilisée. L’union de trois pays — le Burkina Faso, le Mali et le Niger — soulève des questions importantes sur la viabilité des organisations régionales comme la CEDEAO, qui encourt un risque d’éclatement dû à l’attrait que pourrait exercer la nouvelle alliance. L’AES, née dans un contexte de rupture politique avec les institutions classiques, offre-t-elle une solution aux défis sécuritaires du Sahel et des pays limitrophes, ou risque-t-elle d’accentuer la fragmentation de la région ?
Le retrait de ces trois pays de la CEDEAO et la rupture avec l’Occident au profit de la Russie interroge sur les répercussions à long terme d’un tel réalignement. Cette réorientation stratégique de l’AES vers de nouveaux partenaires internationaux modifie profondément l’équilibre géopolitique au niveau régional.
Alors que la région est déjà en proie à une insécurité croissante, l’AES parviendra-t-elle à construire une architecture de sécurité cohérente face à l’avancée des groupes armés et à l’instabilité politique ?
Ces transformations posent la question de la capacité des États de l’AES et de la CEDEAO à créer des dynamiques inclusives de coopération régionale, tout en évitant les rivalités internes et les luttes d’influence externes. Dans un contexte d’instabilité persistante, comment ces pays parviendront-ils à concilier la défense de leurs intérêts nationaux avec les impératifs de stabilité régionale ? Aussi, les débats entre panélistes de cette Session tenteront-ils de répondre à ces interrogations pour explorer les futurs géopolitiques de la région.